Une voracité qui change le cycle de l’eau.
Chacun sait qu’une plante a besoin d’eau…
On a tous arrosé un pot de fleur ou un jardin. Mais avez-vous réalisé que cela dépasse très largement les besoins de la plante pour sa propre croissance ? A quoi lui sert tant d’eau ?
LA PLANTE, PLUS COURT CHEMIN DE L’EAU ENTRE LE SOL ET L’AIR
Et bien , l’eau lui sert surtout « à monter les courses », si j’ose dire !
Les ressources exploitées dans le sol (azote, phosphore, etc.) montent vers les feuilles par un flux d’eau qu’on appelle la « sève ».
Ce qui attire cette sève, c’est quelle s’évapore au soleil : la feuille est comme un linge qui sèche au vent ! La plante utilise l’énergie solaire pour sa photosynthèse et aussi pour pomper la sève. C’est pour cela qu’il fait frais sous un arbre, comme sous le linge qui sèche : c’est pour cela que l’on a les fesses humides en s’asseyant sur l’herbe. Les plantes extraient l’eau du sol et la vaporisent en l’air bien plus efficacement qu’elle ne s’évapore spontanément du sol.
DÉBIT DE BOISSON CHEZ LES PLANTES
Les besoins d’un petit géranium en pot sont de 0,2 à 1 litre d’eau par semaine. Mais quant les plantes forment un couvert continu sur le sol, forêt ou prairie, cela représente au total, sur l’année… de 50 à 80 % de l’eau tombée avec les pluies !
Pour une forêt de nos régions, il faut 30 tonnes d’eau par hectare chaque jour ! Ce chiffre énorme peut étonner, mais réfléchissons 30 tonnes sont équivalentes à une lame d’eau de 3 millimètres répartie sur la surface de cet hectare. Donc une forêt évapore chaque jour l’équivalent d’une pluie de 3 millimètres. Comptons 200 jours par an avec des feuilles , car en hiver il n’y a pas de feuilles, donc pas de flux de sève. Il faut donc 3 millimètres pendant 200 jours, soit 600 millimètres de pluie par an. Or, la pluviométrie en France va de 500 à 1500 millimètres, ce qui laisse souvent assez d’eau pour nourrir les rivières ! Dans les régions recevant moins de 600 millimètres, par exemple dans le Midi, la végétation est maigre et moins exigeante en eau…
Quand il fait trop sec, comme durant l’été 2020, les plantes sacrifient des feuilles pour réduire la surface d’évaporation : voilà pourquoi les feuilles séchées sont apparues dés août, bien avant l’automne. Cela diminue le flux de sève, donc des besoins en eau. Une adaptation au prix d’un moindre flux de sève, en un mot.
SANS VÉGÉTAUX L’EAU DÉFERLE !
Si l’on coupe la forêt ou quand on récolte des cultures, il n’y a alors plus qu’un peu d’évaporation du sol, qui représente selon les climats de 1 à 10 % de l’eau de pluie. Où va donc le reste ? Le naturaliste allemand Alexander von Humboldt fut le premier à le comprendre, lors de son voyage en Amérique du sud au 19 ème siècle : voyez ce qu’il en écrit : « Lorsqu’on détruit les forêts, les lits des rivières se convertissent en torrents, chaque fois que des grandes averses tombent les eaux pluviales ne sont plus retenues dans leurs trajets ».
Car il faut ajouter que les plantes, à leur mort, finissent dans le sol sous forme de matière organique et continuent à agir sur l’eau. En effet, cette matière organique retient jusqu’à 90 % de l’eau de son poids en humidité ! Les débris des plantes transforment donc les sols en éponges, et cela limite aussi les crues des rivières après les pluies : L’eau s’échappe lentement et nourrit les rivières en périodes sèches. Mais si on coupe la forêt ou si on laisse les champs nus après les récoltes, le sol s’appauvrit en matière organique et l’eau s’évapore moins : les crues et les étiages deviennent plus marqués.
Par leur vie et leur mort, les plantes gèrent discrètement l’eau autour de nous. On le découvre souvent trop tard, lorsque les inondations nous rappellent qu’on s’est privé de leur aide…
Chapitre de Petites Histoires Naturelles de Marc-André Sélosse, à partir des chroniques de La Terre au carré de France Inter, Actes Sud.
J’ai bien aimé cette relation qui donne la vie entre la plante et l’eau. L’équilibre est à trouver en montagne aussi. En temps que petit jardinier je suis amené à observer les besoins en eau des plantes. Cet article m’a passionné.
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