Livre lu par Luc de l’auteur Frédéric Gros édition champs essais
Nos parents nous ont appris la marche et ont transmis la culture montagnarde. Je l’ai retrouvé dans ce livre. En voici quelques passages choisis qui me parlent de ma culture Pyrénéenne et de mes diverses expériences sur les rochers. vous pourrez le consulter à l’accueil.
La marche, on n’a rien trouvé de mieux pour aller lentement. Pour marcher il faut d’abord deux jambes. Le reste est vain. Aller plus vite? Alors ne marchez pas, faites autre chose: roulez, glissez, volez. Ne marchez pas car marchant il n’y a qu’une performance qui compte: l’intensité du ciel, l’éclat des paysages. marcher n’est pas un sport. si mettre un pied devant l’autre est un jeu d’enfant, la marche est bien plus qu’une répétition machinale d’un geste anodin: une expérience de la liberté, un apprentissage de la lenteur, un goût de la solitude et de la rêverie, une infusion du corps dans l’espace.
La marche seule parvient à nous libérer des illusions de l’indispensable.
Dehors c’est notre élément: la sensation exacte d’y habiter.
Le paysage est un paquet de saveurs, de couleurs, d’odeurs où le corps infuse.
Dès que je marche, aussitôt je suis deux. Mon corps et moi. Véritablement l’âme c’est le témoin du corps.
Marcher, comme on dit, cela vide la tête. Bien autrement, marcher remplit l’esprit d’une autre consistance. Pas celle des idées ou des doctrines, pas au sens d’une tête bourrée de phrases, de citations, de théories mais pleine de la présence du monde. C’est cette présence qui dans la marche s’est par alluvions régulières déposée dans l’âme tout au long du jour. Et quand le soir vient c’est à peine si on a besoin de penser juste respirer, fermer les yeux et sentir sur son corps les couches des paysages qui flottent, se recomposent. La couleur du ciel, l’éclat des feuilles, le dessin des collines qui s’enchevêtrent. Ce qui s’appelle la confiance ici n’est pas de l’espérance solide, mais plutôt une certitude muette. Ainsi l’homme qui marche tout le jour est devenu sûr le soir.
P136. Marcher le matin c’est comprendre la force des commencements naturels.
p 146. La première énergie qu’on sent en marchant c’est la sienne, celle de son corps en mouvement. Il ne s’agit pas d’une explosion de force, mais plutôt d’un rayonnement continu et sensible.
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